vendredi 28 mars 2008

Rêves d'ailleurs...


Je rêve en mon dortoir des lumières sereines

Une éclatante reine en un pompeux manoir,

Mais dans le profond noir s'envolent des phalènes,

Mille flocons de laine en un sombre miroir...

On ne peut pas s'asseoir au fond de ma géhenne...

Et si d'abord ma haine aiguisait son rasoir,

Maintenant, comme un loir pionçant à pleine haleine

Je dors- ma seule peine est que je ne puis voir.


Marcel Schwob, "Le cachot" in Ecrits de jeunesse.

J'ai lu ...


... le magasin des suicides, de Jean Teulé. Ce bouquin m'avait été recommandé par ma cousine, oui vous vous en foutez mais moi ça me permet de la remercier au passage parce que j'ai passé un bon moment à la lecture de celui-ci. De quoi ça parle? D'une famille pas comme les autres, dans un futur hypothétique (au passage, c'est con cette formule -"futur hypothétique"- ; comment pourrait-il en être autrement? Hum. Digression terminée) pas vraiment allèchant. Les protagonistes principaux, Lucrèce et Mishima, tiennent une boutique en compagnie de leurs deux enfants, Vincent (l'ainé) et Marilyn. Dans leur échoppe bien spéciale, ils vendent tout ce qu'il faut pour réussir son suicide dans les règles de l'art, voir même avec panache: cela va de la banale corde en chanvre avec noeud coulant pré-fait pour se pendre au kimono avec son seppuku (mini épée) pour se faire hara-kiri, en passant par pléthore de poisons et autres moyens exotiques. Et les affaires propèrent! D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement? Car ce qu'on y vend, ce n'est rien de moins que de l'espoir, enfin, une certaine forme d'espoir; Maupassant disait:"le suicide (...)c'est l'espoir de ceux qui n'en ont plus". A partir de là, c'est déjà plus clair ^^

Ainsi, la famille fait son petit commerce dans une ambiance de déprime quand, en ayant voulu tester un de leurs produits (le préservatif percé, pour être sûr de se chopper les grosses mst qui tâchent), Lucrèce tombe enceinte et donne naissance à Alan, le petit dernier. Malgré tous les efforts de ses parents, celui-ci possède une irrépréssible joie de vivre qui confine à l'enfer pour ses géniteurs tant elle est à l'opposé de l'humeur familiale, morose et borderline. En effet, là ou ses parents ou frère et soeur se conduisent à l'opposé de toutes réactions normales face aux choses du quotidien, le petit Alan, quant à lui, prends toujours les choses du bon côté et fait tâche dans cette famille hors du commun. S'en suit plein de petites péripéties rigolotes qui font tout le charme de cette oeuvre sans autre prétention que celle de nous amuser, chose qu'elle réussit fort bien.


Pour savoir la suite, vous savez maintenant ce qu'il vous reste à faire...


J'ai bien aimé ce livre parce qu'il est écrit sur un ton léger malgré le cynisme qui s'en dégage à chaque page, c'est drôle, ça ne se prend pas au sérieux une minute et c'est une histoire originale; en bref, tout ce qu'il faut pour passer un bon moment le nez dans un bouquin. Ce n'est pas une oeuvre transcendante, certes, mais si vous avez envie d'une lecture reposante entre deux pavés, ce petit bouquin (157 pages et écrit assez gros) remplira parfaitement son office.


Merci Miss Karen pour le conseil du bouquin ;)